Votre enfant est-il antisocial ?
Opposition, désobéissance, colères à répétition…Votre enfant n’arrête pas de s’opposer, il est plutôt solitaire… Et s’il était antisocial ? Plus exactement, il pourrait souffrir de “trouble des conduites“, comme le soulignent des chercheurs français. Cette nouvelle maladie, importée des Etats-Unis, serait notamment l’une des causes de certaines délinquances. Zoom sur un problème psy encore mal évalué et objet de controverses…
Le trouble des conduites, vous ne connaissez pas ? Pourtant, le professeur de vos enfants risque de vous en parler si votre petit dernier est trop turbulent… Une expertise collective de l’Inserm a en effet décidé d’étudier ce sujet encore peu abordé en France.
Comment le reconnaître ?
En clair, le trouble des conduites, c’est un ensemble de comportements plus ou moins violents, que l’on peut distinguer chez l’enfant et l’adolescent :
Chez l’enfant :
– Opposition ;
– Désobéissance ;
– Colères répétées ;
– Agressivité…
Chez l’adolescent :
– Coups ;
– Blessures ;
– Dégradations
– Fraudes ;
– Vols…
Ce sont donc surtout des conduites agressives envers les gens (et les animaux). Il s’agit également de la destruction d’objets ou de mobilier.
Un cycle infernal
Bien sûr, il faut que la fréquence des comportements incriminés soit élevée. Si votre enfant vous fait une grosse colère une fois dans la semaine, durant laquelle il pleure et se roule parterre en hurlant, ce n’est pas grave. Mais si c’est plusieurs fois par semaine, voire tous les jours, il y a peut-être un trouble des conduites. De même, les fréquences de ces comportements varient normalement avec l’âge. Ainsi, les agressions physiques (griffer, mordre ses petits camarades), les mensonges ou même les vols sont fréquents chez les petits enfants. Mais ils deviennent anormaux s’ils persistent de manière importante après l’âge de 4 ans.
Quelles causes ?
Les causes du trouble des conduites sont encore l’objet d’études. Les experts évoquent l’importance de facteurs périnataux : mère enceinte très jeune, consommation de substances psychoactives pendant la grossesse… Et des facteurs génétiques semblent être retrouvés. Des troubles associés sont également soulignés, sans qu’il puisse être établi de liens de cause à effet. Ainsi, les troubles anxieux, e la dépression sont fréquemment retrouvés dans le trouble des conduites. L’hyperactivité est aussi liée à ces problèmes : en grandissant, les enfants hyperactifs peuvent avoir des comportements antisociaux.
Délinquance ou troubles des conduites ?
En ce qui concerne les chiffres, il n’y a pas d’estimation de la prévalence en France, car ce trouble n’a jamais été évalué dans l’hexagone( c’est pourquoi l’Inserm a décidé de travailler sur ce sujet). Néanmoins, la littérature internationale parle de 5 à 9 % des adolescents. Chez les jeunes délinquants, la prévalence serait de 30 à 60 % ! D’ailleurs, les experts de l’Inserm reconnaissent eux-même que les troubles des conduites se situent entre la psychiatrie, le social et la justice… Est-ce que cela veut que la délinquance est une maladie, et qu’il faut donc dépister et traiter les futurs voyous dès l’enfance, avant même qu’ils aient fait quoi que ce soit de mal ? Les risques de dérive ne sont pas loin…
Prévenir le trouble
Ainsi, le groupe d’experts de l’Inserm reste prudent, et demande dans ses recommandations simplement d’évaluer l’importance du trouble des conduites en France. Mais les scientifiques font également des propositions concrètes pour aider les parents et limiter la violence chez les enfants :
– Conseiller et orienter les parents dès la maternité ;
– Prévenir les parents de l’influence néfaste des émissions et jeux vidéos violents ;
– Proposer aux jeunes mères (notamment célibataires) un suivi, voire des visites à domicile régulières ;
– Une formation des enseignants pour dépister les troubles du comportement des enfants.
Quel traitement ?
Le traitement du trouble des conduites passe essentiellement par une prise en charge psychothérapeutique. Les thérapies visent à aider l’enfant à trouver des solutions non violentes aux problèmes qu’il rencontre. Il peut s’agir aussi de thérapies familiales. Les experts préconisent également une mise a l’écart des “pairs présentant des troubles antisociaux“. En outre, des traitements médicamenteux peuvent être proposés, non pas pour soigner le trouble des conduites, mais pour limiter les symptômes : antipsychotiques ou psychostimulants pour réduire l’impulsivité, thymorégulateurs en cas de trouble bipolaire associé.
Alain Sousa Source : Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent, expertise collective de l’Inserm, Publié aux éditions Inserm 2005, 48 EurosClick Here: NRL Telstra Premiership