Ensemencer les nuages contre la sécheresse
Injecter des substances chimiques dans les nuages pour modifier le temps et provoquer des pluies est une solution utilisée couramment dans de nombreux pays (Chine, Russie, Thaïlande, les pays du Sahel…). Ce procédé destiné à lutter contre la sécheresse ne fait pourtant pas l’unanimité.
Injecter des substances chimiques dans les nuages pour modifier le temps et provoquer des pluies est une solution utilisée couramment dans de nombreux pays (Chine, Russie, Thaïlande, les pays du Sahel…). Ce procédé destiné à lutter contre la sécheresse ne fait pourtant pas l’unanimité.
Le 1er novembre dernier, la capitale chinoise et les provinces de Liaoning et Jilin ont été recouvertes de neige pendant la moitié de la journée avec des températures qui ne dépassaient pas 2°C. Un phénomène rare pour un mois de novembre rendu possible grâce à un procédé appelé “ensemencement des nuages“. En effet, depuis une dizaine d’années, les autorités chinoises ont pris l’habitude d’utiliser des substances chimiques pour déclencher des précipitations. Une piste miracle pour faire face au manque de précipitation ? Pas si sûr…
Des techniques pour modifier le temps
Malgré le dicton populaire, difficile de faire venir la pluie en chantant, même comme une casserole. Mais là où la puissance mélodique est inefficace, les produits chimiques, eux, le sont parfaitement. Oui, il est possible de provoquer volontairement la pluie et ce, depuis 1946, année où les Etats-Unis mettent au point différents procédés permettant d’impacter le temps.
“La diffusion par avion de neige carbonique ou d’iodure d’argent sur des couches minces de nuages, permet ainsi de modifier leur structure ou de les dissiper“ explique Jean-Pierre Chalon, Conseiller scientifique à Météo France et expert auprès de l’Organisation météorologique mondiale sur les questions de modification du temps.
Par la suite d’autres méthodes, comme la diffusion de chlorure de sodium (sel), ont vu le jour.
Le déversement de neige carbonique, d’iodure d’argent ou de chlorure de sodium s’effectue soit par des avions qui ensemencent directement le nuage (à la base ou au sommet), soit par des générateurs qui ensemencent à partir du sol grâce aux courants ascendants, soit encore par des fusées envoyées dans les nuages. Dans tous les cas, l’utilisation des avions entraine une pollution sous forme de gaz à effet de serre, nuisible pour l’environnement.
Faire atterrir les avions et lutter contre la sécheresse
En France, l’ensemencement a déjà été utilisé dans les aéroports d’Orly ou du Bourget pour permettre aux avions de décoller et d’atterrir malgré le brouillard. Mais ces techniques ont été abandonnées notamment en raison de leur coût, de la difficulté à les mettre en place et de la disponibilité de systèmes d’approche en cas de faible visibilité. Actuellement, les opérations de modification des nuages dites volontaires s’effectuent surtout dans les pays qui manquent d’eau et luttent contre la sécheresse.
Les analyses statistiques montrent qu’avec une telle méthode, l’augmentation des précipitations ne saurait excéder 12 %. “Par ailleurs, il est difficile de savoir si les modifications observées sont liées directement à l’ensemencement ou bien à l’évolution naturelle des nuages“, poursuit Jean-Pierre Chalon.
Ensemencement des nuages : conséquences sanitaires et environnementales
Les quantités d’iodure d’argent diffusées dans les cumulus sont relativement faibles : environ quelques grammes pour un nuage de plusieurs km3. “Dans la littérature scientifique, on ne trouve pas de preuve de la nocivité de l’iodure d’argent pour l’homme et son environnement, tant que les quantités utilisées restent négligeables“, assure l’expert auprès de l’organisation métrologique mondiale. Pour d’autres, l’utilisation sur le long terme d’iodure d’argent pourrait affaiblir l’écosystème terrestre et aquatique.
Et l’expert de conclure : “Il est encore tôt pour se lancer dans des opérations de modification du climat à grande échelle, continuons à étudier…“
Delphine Bourdet
Photo : Pékin sous la neige, 1er novembre 2009 – Peter Trebitsch/EAP/SIPA
Sources :
Interview réalisée le 05 novembre 2009 avec Jean Pierre Chalon, Conseiller scientifique à Météo France et Expert auprès de l’organisation météorologique mondiale sur les questions de modification du temps.
Agence Chine Nouvelle : “Cold front holds China as Beijing welcomes first snow this year“, 1er novembre 2009
Des livres pour aller plus loin :
“Combien pèse un nuage ? Ou pourquoi les nuages ne tombent pas“
De Jean-Pierre ChalonEditions EDP Sciences, 2002187 pagesPrix :17 eurosClick Here: Bape Kid 1st Camo Ape Head rompers