Choléra en Haïti : le cri d'alarme des humanitaires
Après le séisme survenu le 12 janvier 2010 et l’ouragan Tomas qui a frappé tout récemment Haïti, l’épidémie de choléra qui sévit aujourd’hui, constitue une nouvelle épreuve pour ce pays. Selon Médecins Sans Frontières, de sérieux manques dans le déploiement de mesures adaptées sapent les efforts pour endiguer l’épidémie de choléra.
Par l’intermédiaire du le Centre de crise du ministère des Affaires étrangères et européennes, la France a prépare une nouvelle livraison de plusieurs tonnes de chlore pour permettre d’alimenter la ville de Port-au-Prince en eau potable pendant plusieurs semaines, de matériel, de médicaments et de produits pharmaceutiques destinés à l’Hôpital Universitaire d’Etat d’Haïti. Cette aide s’inscrit dans un cadre européen pour permettre aux autorités de ce pays de faire face à la progression du choléra.
Mais sur place et malgré la présence massive d’acteurs internationaux sur le terrain, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) estime que les actions entreprises à ce jour n’ont pas permis de répondre aux besoins de la population. Selon les autorités nationales, l’épidémie a déjà causé plus de 1 100 morts et au moins 20 000 cas dans le pays. “MSF appelle tous les groupes et organismes d’aide présents en Haïti à renforcer l’ampleur et la rapidité de leurs efforts pour assurer une réponse efficace aux besoins des populations à risque d’infection du choléra. L’heure n’est plus aux réunions et aux discussions, mais à l’action“, déclare Stefano Zannini, chef de mission MSF en Haïti.
Haïti : L’épidémie de choléra gagne du terrain
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Regardez les dernières vidéos d’actu.Selon l’ONG, des actions prioritaires doivent être mises en place :
– Rassurer la population effrayée par cette maladie totalement inconnue dans le pays, en informant la population des bénéfices de la présence de centres de traitement du choléra à proximité des communautés ;
– Distribuer de l’eau potable et chlorée aux populations touchées dans tout le pays, et procéder à des distributions générales de savon ;
– Installer des latrines, assurer leur maintenance et leur vidange régulière ;
– Assurer la gestion des déchets et leur enlèvement des structures de soins pour éviter la contamination ;
– Etablir des sites d’élimination des déchets à proximité des zones urbaines dans un environnement approprié et contrôlé ;
– Mettre en place des points de réhydratation orale dans les lieux où apparaissent des cas de choléra ;
– Et organiser l’enlèvement et l’inhumation des corps des personnes décédées.Depuis le début de l’épidémie, Médecins Sans Frontières a monté plus de vingt centres de traitement du choléra dans la capitale Port-au-Prince, dans la région d’Artibonite et dans le nord du pays.
Haïti : l’Artibonite toujours victime du choléra
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L’info internationale vidéo.“Le choléra est une maladie facile à prévenir“, déclare Caroline Seguin, coordinatrice médicale d’urgence à MSF. “Elle n’apparaît peut-être qu’aujourd’hui en Haïti, mais les moyens de la prévenir et de la traiter sont connus. Sans un renforcement immédiat des mesures nécessaires par les acteurs internationaux et le gouvernement haïtien, nous ne pouvons contenir seuls cette épidémie“.L’appel de fonds de 164 millions de dollars lancé la semaine dernière par les Nations Unies pour lutter contre le choléra en Haïti n’a été financé pour l’instant qu’à hauteur de 10 %, ce qui est insuffisant, a souligné samedi soir le Coordonnateur humanitaire dans ce pays, Nigel Fisher.Sur place, l’organisation panaméricaine de la santé (agence de l’Organisation mondiale de la santé) appelle la population haïtienne à soutenir les travailleurs médicaux et de secours. En effet, la violence et l’insécurité font souvent obstacle aux soins médicaux pour le choléra et à la fourniture de formation et la livraison de fournitures critiques, avec notamment de folles rumeurs selon lesquelles les casques bleus auraient amené le choléra dans le nord du pays. Par ailleurs, quatre candidats à la prochaine élection présidentielle ont demandé à reporter le scrutin qui doit se tenir à la fin du mois.Selon l’organisation panaméricaine de la santé, le nombre cumulé de cas de choléra entre le 20 octobre et le 16 novembre était de 49 418, dont 40 % (19 646) ont été hospitalisés. Le nombre cumulé de décès imputables au choléra était de 1 186. Selon l’Organisation des Nations Unies, le nombre de cas de choléra à Haïti va sans doute augmenter de manière très significative, passant à 200 000.David Bême
Sources :
Communiqué de MSF – 22 novembre
Communiqué du Ministère des Affaires étrangères – 22 novembre
Communiqués de l’OPS/OMS du 18 et du 19 novembre 2010Photo : Emilio Morenatti/AP/SIPA