Traitement du cancer de la prostate : les gays plus touchés par les effets secondaires
Face au cancer de la prostate, des médicaments peuvent priver les cellules cancéreuses des hormones mâles nécessaires à leur croissance. Cette hormonothérapie peut avoir des effets secondaires sur la sexualité, des effets qui semblent plus importants chez les hommes homosexuels, selon une récente étude.Des effets secondaires connus
Face au cancer de la prostate, les modalités de l’hormonothérapie sont multiples. Elle permet de réduire la taille de la tumeur avant une radiothérapie. Lorsque les traitements chirurgicaux sont exclus (lorsque le patient est très âgé ou que le cancer est très étendu et accompagné de métastases), elle permet également de ralentir l’évolution du cancer. Ces médicaments peuvent avoir différents effets secondaires, parmi lesquels des conséquences sur la libido et la capacité d’érection.Des chercheurs roumains et américains ont voulu savoir si ces traitements avaient les mêmes conséquences en fonction de l’orientation sexuelle. Ils ont ainsi suivi 17 hétérosexuels et 12 homosexuels qui ont tous reçu 50 mg de
bicalutamide, un anti-androgène classiquement indiqué face au cancer de la prostate. Chaque patient a dû comparer sa santé sexuelle – fonction érectile, orgasmique, désir sexuel et fonctionnement global – avant le traitement et après cinq semaines de traitement. Plus de problèmes chez les hommes homosexuels
Les 28 hommes âgés de 61 ans en moyenne ont ainsi répondu à des échelles validées concernant leur santé sexuelle. Les résultats montrent que :
– Dans l’ensemble, la fonction sexuelle des hommes hétérosexuels est passée en moyenne de 54,3 à 75 avant le traitement, avec une légère hausse à 56,1 au cours du traitement. Toutefois, les scores pour les patients homosexuels ont chuté de 46 % passant de 52,9 à 28,7.
– La fonction érectile oscillait avant le traitement entre 25,1 et 24,5 sur 30. Pendant le traitement, le groupe hétérosexuel a légèrement baissé à 24,1, alors que le groupe homosexuel a chuté de 51 % à 12,1.
– La fonction orgasmique identique avant le traitement dans les deux groupes n’a pas changé après traitement chez les hétérosexuels mais a chuté chez les homosexuels de 54 % (passant de 7,2/10 à 3,3/10).
– Le désir sexuel est passé avant traitement de 6,5 sur 10 pour les hétérosexuels et 7,6 pour les homosexuels à respectivement 7,5 et 3,7 au cours du traitement.
– La satisfaction des rapports est passée de 7,1 et 8,0 sur 15 avant le traitement à 10,3 et 6,2, respectivement pour les hétérosexuels et les homosexuels.
– La satisfaction globale identique avant traitement chez les deux groupes (7,2 et 7,1) est tombée très légèrement à 7,1 pour le groupe hétérosexuel alors qu’elle a chuté pour le groupe homosexuel de 52 % à 3,4. “Dans notre étude, les patients homosexuels ont rapporté des réductions significatives dans tous les aspects de leur fonctionnement sexuel et la satisfaction, allant de 23 % à 54 %. Toutefois, le groupe hétérosexuel n’a rapporté que de légères réductions de deux des six catégories, allant de 1 à 4 %. Ils n’ont également signalé aucun changement dans une catégorie et des améliorations dans les trois autres, y compris une augmentation de 45 % dans la satisfaction liée aux rapports“ synthétise le Dr Ion G Motofei.Peu d’applications cliniques…
“Les résultats de notre étude suggèrent que les androgènes jouent un rôle dans les processus cérébraux sexuelles telles que la libido, l’excitation sexuelle et l’orgasme, et que cette réponse peut être différente chez les hommes hétérosexuels et homosexuels“.
On peut noter néanmoins que l’étude qui porte sur un nombre très réduit de patients ne devrait pas avoir de conséquences cliniques, si ce n’est celle de tenir compte des effets sur la libido de ces patients, quelle que soit leur orientation sexuelle, comme le reconnaît le Dr David L. Rowland, co-auteur de l’étude “Toutefois, il est important que nous ne sous-estimions pas l’effet que les androgènes peuvent avoir sur les hommes hétérosexuels simplement parce que l’effet sur les hommes homosexuels semblent être plus grande“.
Selon les auteurs, ces résultats soulignent néanmoins l’importance d’incorporer des variables (comme l’orientation sexuelle) dans le cadre d’étude portant sur des traitements médicaux impactant la santé sexuelle.David BêmeSource :Preliminary study with bicalutamide in heterosexual and homosexual patients with prostate cancer: a possible implication of androgens in male homosexual arousal. – Motofei IG, Rowland DL, Popa F, Kreienkamp D, Paunica S.- BJU Int. 2011 Jul;108(1):110-5
(étude accessible en ligne)