Hépatite C : qui va pouvoir bénéficier des nouveaux traitements ?

April 23, 2020 0 By JohnValbyNation

Le prix exorbitant des nouveaux antiviraux très efficaces contre le virus de l’hépatite C continue de faire de vagues car il entrave l’accès aux soins et la guérison pour tous. Une injustice pour les associations des patients qui continuent de demander plus de transparence dans la fixation des prix, des mesures pour réduire le coût pour la société des médicaments innovants et l’application des recommandations du rapport Dhumeaux.

Les nouveaux médicaments sont très efficaces contre le VHC mais sont-ils trop chers ?

Le débat concernant l’accessibilité aux nouveaux antiviraux d’action directe (AAD) contre le virus de l’

hépatite C (VHC) continue. Un colloque organisé au ministère de la Santé le 3 novembre 2014 organisé par un collectif d’associations de patients a réuni des professionnels de santé, des responsables de la Haute autorité de santé (HAS), et des acteurs impliqués dans la fixation des prix des médicaments pour discuter de cet épineux problème. Au-delà du coût, des différences entre les recommandations émises par les experts et les sociétés savantes, et celles de la HAS, ont été soulignées. Nous vous présentons ici quelques points des discussions et les demandes formulées par les associations des patients.Des prix qui obligent à sélectionner les patients à traiterL’arrivée des nouveaux AAD contre le VHC bouleverse favorablement le pronostic des patients porteurs du VHC car ils ont une efficacité bien supérieure aux traitements classiques incluant l’

interféron, avec moins d’effets secondaires et plus de 90 % de chances de guérison.- Le premier AAD arrivé en France est le

sofosbuvir (

Sovaldi®).- Ensuite, un deuxième AAD, le daclatasvir (Daklinza®) a reçu une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte (ATUC) ce qui a rendu possible depuis le début de l’année la prescription d’une bithérapie à base d’AAD sans interféron.- Le troisième arrivé, qui bénéficie également pour l’instant d’une ATUC est le siméprévir, indiqué en association avec les traitements classiques dont l’interféron mais qui pourra être bientôt utilisé en bithérapie avec le sofosfuvir.Chaque combinaison de médicaments a des indications spécifiques selon le phénotype viral du VHC et dans certains cas, selon le stade de gravité de la maladie. Et d’autres viendront s’y ajouter… Mais problème, les ATU sont, de l’avis des associations de patients, trop restrictives. A cette observation, le Pr Daniel Dhumeaux, hépatologue au CHU Henri-Mondor à Créteil, qui conduit des négociations avec les autorités, assure que “dans les 10 jours, nous aurons des indications élargies“.Le principal responsable de la restriction de l’accès aux AAD est financier. Pour le seul sofosbuvir, son prix s’élève à 56 000 euros pour une “cure“ de 12 semaines (prix qui double si un traitement de 24 semaines s’avère nécessaire). Et le coût de ces traitements explose lorsqu’il est associé en bithérapie. Résultat : l’accès à ces traitements doit être restreint aux cas dont l’état évolutif de la maladie nécessite un traitement immédiat ainsi qu’à des populations particulières comme les femmes avec désir de procréer ou les patients coinfectés par le

VIH. Pour les populations à risque comme les personnes détenues, les migrants, les usagers de drogues, etc., si le traitement n’est pas jugé prioritaire, il est recommandé de les traiter car il s’agit de populations “réservoir“.  Pour les autres, on peut attendre car il n’y a pas d’urgence absolue, comme le préconisait le

rapport Dhumeaux, publié en mai 2014. Depuis, l’Association française pour l’étude du foie (AFEF) a émis des recommandations sur l’

évaluation de la sévérité de la maladie hépatique pour initier un traitement de l’hépatite C en considérant, entre autres, les recommandations du rapport Dhumeaux.Des différences dans les recommandations Le prix est donc un élément qui est mis en avant par tous qui limite l’accès à ces traitements. Mais le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida), préfère parler d’une “juste prescription pour avancer en suivant les recommandations du rapport Dhumeaux et de l’AFEF“.Cependant, il existe des différences dans les recommandations : si celles du rapport Dhumeaux et de l’AFEF sont plus larges et raisonnables, la HAS ne les suit pas tout à fait car l’indication de traiter les populations “réservoir“ ne rentre pas dans les recommandations des autorités de santé. Autrement dit, “elles sont plus restrictives et manquent de transparence“ selon Pascal Melin de l’association SOS hépatites. Mais la HAS, par la voie de Catherine Rumeau-Pichon, adjointe au directeur de l’évaluation médicale économique de la santé publique défend la position des autorités : “nos méthodes et nos panels d’experts pour l’émission de recommandations diffèrent de celles des sociétés savantes et nous prenons en compte d’autres paramètres“. Argument irrecevable pour Marianne L’Hénaf de l’associatif ARCAT, TRT-5, CHV, qui demande “l’application immédiate des recommandations du rapport d’experts Dhumeaux“.A ce propos, le Pr Victor de Lédinghen, Chef du Service d’Hépato-Gastroentérologie et d’Oncologie digestive au CHU de Bordeaux, responsable du Centre Expert Hépatites Virales Aquitaine et secrétaire de l’AFEF, déclare que l’AFEF a adressé en octobre une demande à la HAS pour réactualiser ses recommandations en tenant compte celles de l’AFEF et du rapport Dhumeaux. Il a même formulé le souhait que l’AFEF (qui réunit l’ensemble des spécialistes hépatologues Français) puisse bénéficier du label HAS. A ces demandes, Catherine Rumeau-Pichon a répondu que les recommandations seront “vraisemblablement actualisées en 2015“ et, pour ce qui est du label, la réponse est restée évasive.Malgré tout, la majorité des patients traités sans interféron en 2014Ajoutant une fois de plus une note d’optimisme, le Pr Victor de Lédinghen a déclaré que, malgré tout, “la bonne nouvelle est que dans notre service, pratiquement aucun traitement avec interféron n’a été prescrit depuis le début de l’année 2014“. Et d’ajouter : “notre souhait est que partout en France, tous les malades puissent avoir accès aux mêmes traitements sans interféron“. Le Pr de Lédinghen a également plaidé pour une poursuite des ATUC et pour la mise en place d’autres programmes pour tous les nouveaux AAD, avec une évaluation scientifique permanente. Or, les ATUC sont bloqués à cause du prix des médicaments, déplore-t-il.Par ailleurs, le Pr de Lédinghen a déclaré qu’en 2014, environ 14 000 patients ont été traités contre l’hépatite C et pour lui, “un minimum de 15 000 patients devraient être traités chaque année et 15 000 personnes supplémentaires diagnostiquées pour que, dans 10 ans, l’hépatite C devienne une maladie rare en France“.Les demandes des associations réitéréesEn attendant, le collectif des associations a réitérée ses demandes formulées, pour certaines, depuis le mois de mai 2014, à savoir :- L’évaluation et la fixation du prix du médicament en ouvrant une concertation nationale pour programmer “l’évolution et la transparence des décisions publiques dans toutes les instances sur la mise en œuvre des recommandations et de fixation des prix, et la représentation des usagers et des associations de lutte contre les inégalités“ ainsi que l’évolution de l’évaluation des médicaments et de la fixation des prix.- L’accès aux traitements innovants en fixant un prix plafond pour les ATUC dans le cadre du PLFSS (projet de loi du financement de la sécurité sociale).- Concernant les recommandations, la mise en œuvre des recommandations du rapport d’experts Dhumeaux en incluant notamment le traitement des personnes appartenant aux populations “réservoir“.- Soumettre le Sovaldi® au régime de la

licence d’office, qui permettra d’en produire une version générique à un moindre coût.Ces demandes seront-elles entendues ? Venez discuter sur nos

forums.Dr Jesus CardenasSource :Colloque du 3 novembre 2014 : « Hépatite C et nouveaux traitements, l’impact du prix des médicaments sur l’accès aux soins en France ». – Signataires : CISS, TRT-5, Collectif hépatites virales, SOS hépatites, Médecins du monde, Comede.Click Here: New Zealand rugby store