Une première en Afrique, la Sierra Leone annule un investissement avec la Chine

April 20, 2020 0 By JohnValbyNation

«Le gouvernement considère qu’il n’est pas rentable économiquement de poursuivre la construction d’un nouvel aéroport alors que l’actuel est gravement sous-utilisé», a justifié le ministère des Transports et de l’Aviation. Mais on se souvient aussi que lors de la campagne électorale de ce début d’année, le futur président, Julius Maada Bio, avait qualifié de supercheries la plupart des projets soutenus par Pékin.

C’est la première fois qu’un gouvernement africain annule un projet d’infrastructure dûment signé, soutenu par la Chine. Selon le Sierra Leone Telegraph, l’aéroport de Mamamah aurait coûté 400 millions de dollars à la population, à travers un prêt chinois. La Chine devait à la fois construire, gérer et entretenir l’infrastructure.
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Un aéroport lointain
Le comble, l’actuel aéroport de Lungi a été récemment réaménagé et agrandi pour un coût de 200 millions de dollars. Le Sierra Leone Telegraph soutient l’abandon du projet, rappelant que de nombreuses compagnies aériennes internationales, dont British Airways, ne desservent pas le pays. Alors, l’abandon du projet c’est «du bon sens économique pour un pays qui se bat pour financer la Santé, l’Education et l’accès à l’eau et à l’électricité», conclut le journal.
 
Mais l’aéroport a des défauts. Notamment celui d’être séparé de la capitale par un immense bras de mer. Pour se rendre à Freetown, il faut prendre le ferry ou le bateau taxi pour une traversée de 13 kilmètres. Ou alors prendre la route pour un périple de quatre heures. Du coup, les autorités parlent d’un plan B. La construction d’un pont pour la coquette somme d’un milliard de dollars. Autant dire qu’il faudra du temps pour poser la première pierre.

224 millions de dollars d’emprunts
Selon CNN, durant la présidence d’Ernest Bai Koroma, de 2007 à 2018, la Sierra Leone a contracté 224 millions de dollars d’emprunts auprès de la Chine, dont 161 millions pour la seule année 2016. Voilà sans doute pourquoi la réaction de la Chine est très modérée. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lu Kang, s’adressant à la presse, a minimisé l’incident. «Je ne pense pas que ce dossier particulier indique qu’il y a des  problèmes entre la Chine et la Sierra Leone.»

Quoi qu’il en soit, c’est une première dans le maillage étroit que la Chine tisse avec l’Afrique. L’enveloppe que le Continent doit à l’Empire du Milieu pèse environ 130 milliards de dollars. Pékin est même accusé de mener une politique de la «diplomatie de la dette». A savoir, contraindre les pays qui ne peuvent plus rembourser à signer des accords économiques léonins pour s’accaparer leurs richesses.

Le geste de Freetown n’est sûrement pas le signe d’une quelconque révolte. Tout au plus un rééquilibrage dans le budget du pays. Reste à savoir si d’autres pays suivront cette démarche, dans un continent où «les pays cherchent désespérément des infrastructures», selon les propos d’Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de Développement.