Pierre Bergé convaincu de la « démagogie » du Téléthon
Pierre Bergé est jugé trois ans après ses premiers propos tenus sur le Téléthon. Selon lui, l’organisation caritative est «une entreprise démagogique». Hier, il a maintenu ses accusations.
«Un scandale auquel il faut mettre un terme», parce qu’il «parasite», «cannibalise» , «vampirise» et «détourne la générosité publique», «exhibe le malheur des enfants», «attente à leur dignité», «ment» et se comporte «comme une secte».
Les mots de Pierre Bergé parlant du Téléthonsont durs. Tellement durs que l’Association française contre les myopathies (AFM), organisatrice de l’évènement, a porté plainte pour diffamation publique (les propos ont été tenus à la télévision ou sur les ondes entre novembre 2009 et janvier 2010) contre le président du Sidaction.
Des propos que Pierre Bergé, aussi actionnaire du Monde, a répété et assumé, hier, vendredi, devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le collectionneur de 82 ans se dit convaincu de la démagogie de l’entreprise caritative.
«Certaines de mes paroles ont peut-être été maladroites, je suis prêt à la reconnaître mais sur le fond des choses, je suis prêt à tenir des propos semblables», a expliqué le président du Sidaction avant de poursuivre. Nous aussi, nous pourrions exhiber des enfants (chaque année depuis 26 ans, France Télévisions promeut le Téléthon), des femmes et des hommes malades. Nous ne l’avons jamais fait. Il me semble qu’il faut d’adresser aux gens avec pertinence, avec intelligence et pas avec démagogie».
Selon lui, «il est anormal qu’une association cannibalise la générosité publique, qu’elle possède 200 millions d’euros de réserve et touche 7 millions d’euros de frais financiers par an. Dans une association caritative, si on a des produits financiers, c’est qu’on a beaucoup d’argent. Et si on a beaucoup d’argent, c’est qu’on en a trop. Car, croyez-moi, quand on fait tout pour lutter contre une maladie, il ne reste plus d’argent. A Sidaction, chaque euro est dépensé».
De son côté, l’AMF a répondu par le biais de ses témoins, notamment aux accusations de «cannibalisme» : «En immunologie, nos travaux bénéficient à des patients atteints de cancer ou du SIDA», et «on devrait faire de l’AFM une association bienfaitrice de l’humanité». Le jugement est attendu le 28 juin prochain.