Jane Birkin aimait Serge et Jacques : “Est-il possible de vivre à trois ?”
Le 3 octobre 2018, comme elle l’avait promis, Jane Birkin publie chez Fayard son journal. Il est intitulé Munkey Diaries, du nom de son petit singe en peluche fétiche qui repose désormais dans le cercueil de Serge Gainsbourg après l’avoir longtemps accompagnée. Les textes de la chanteuse et actrice sont adressés à Munkey. Elle lui raconte tout, à commencer par ses histoires d’amour. Ses Diaries débutent en 1957 et se terminent en 1982, à la naissance de Lou Doillon. À cette époque, Jane a déjà été mariée à John Barry, père de sa fille Kate, puis elle a partagé la vie de Serge et de Jacques Doillon.
L’Obs publie de longs extraits de ce journal. On y découvre les atermoiements et les questionnements d’une très jeune femme, certains passages sont touchants de naïveté et de légèreté comme lorsqu’elle s’interroge sur la sexualité : “J’adore John, c’est pour ça que je trouve si difficile de lui dire qu’il est marié à une obsédée sexuelle. (…) Comme j’aimerais ne plus penser au sexe, mais j’ai seulement 20 ans et je l’ai seulement fait pendant deux ans, dont une année pendant laquelle j’étais enceinte.” Et c’est avec ce même souffle qu’elle décrit ses sentiments pour Serge au début de leur relation : “Tellement de choses se sont passées depuis que j’ai rompu avec John. Je viens tout juste de terminer un film appelé Slogan en France. Il y a un homme que j’aime dedans et son nom est Serge Gainsbourg. (…) Il est si doux et si fort à la fois et sensuel et sexuellement merveilleux et pourtant j’ai le sentiment qu’il est tellement plus qu’un homme sexy, il est brillant et unique. Si je le perds, ce sera pire que tout ce que j’ai perdu jusque-là parce que je ne me suis jamais sentie aussi comblée.“
Il y a un homme que j’aime et son nom est Serge Gainsbourg
Le 14 août 1973, Jane Birkin raconte le bain de Serge Gainsbourg : “L’événement de l’année ! (…) Le premier en trois mois, son dernier remonte au 13 mai ! Je ne peux pas dire qu’il y soit entré volontairement ni sans résistance, mais il l’a pris…” Entre les lignes, on ne peut s’empêcher d’y déceler une pointe d’émerveillement devant la douce excentricité de l’homme qui partage sa vie : “Serge était la personne la plus impeccable que j’aie jamais connue. Il se lavait par petits bouts, en discrétion, grâce à un bidet, il ne transpirait pas, je ne lui jamais connu la moindre odeur. Quand je lui ai demandé comment il faisait, il me répondait : ‘Je suis un pur esprit !’“
Puis Jacques Doillon est entré dans la vie de Jane, mais elle aime toujours Serge. En 1979, elle écrit : “Je sais que quoi je fasse, je ne serai jamais heureuse sans Serge. (…) Est-il seulement possible de vivre à trois ? (…) Nous avons parlé de ça hier soir. Nous avons dîné ensemble et j’étais si heureuse avec Jacques et Serge. (…) Et si Serge pouvait aimer Jacques, même s’ils partaient tous les deux, je ne serais pas triste puisqu’ils seraient ensemble, et je sais qu’ils seraient heureux.“
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Papa 2
Dans les extraits de L’Obs, l’ombre de Gainsbarre, l’alcool et les abus de Serge Gainsbourg ne sont pas absents. Mais on retient surtout l’amour qui persistera entre les anciens amants les plus sulfureux de France. Après leur séparation, chacun a refait sa vie mais des liens subsistent, des liens familiaux très forts. Commentant ce qu’elle écrivait à l’époque, Jane Birkin écrit : “J’ai eu cette grande chance qu’il ait bien voulu devenir mon ami, même si ça lui a été terriblement difficile au début. Quand j’ai eu Lou, il a suggéré d’être son papa 2, son parrain, et s’il avait des soucis, j’avais la chance qu’il m’appelle.” Le soir, elle dînait avec Jacques Doillon et leur fille, puis Serge Gainsbourg pouvait ensuite débarquer à n’importe quelle heure : “Parfois avec Charlotte, parfois avec Bambou. Bambou a été pour moi la meilleure des personnes. Elle a empêché Serge de se ruiner, de s’abîmer, elle lui a donné un enfant [Lulu Gainsbourg], une nouvelle famille, elle était jeune, belle, et elle tolérait sa façon de lui parler. Elle m’a permis d’avoir une vie professionnelle et proche avec Serge. (…) Elle a compris la nécessité pour moi de faire encore un petit peu partie de sa vie et peut-être pour lui d’avoir une confidente.“
Munkey Diaries sort le 3 octobre chez Fayard. De larges extraits sont disponibles dans L’Obs, en kiosques ce 20 septembre 2018.