Contrôle renforcé des arrêts de travail : des médecins s'insurgent

Le gouvernement a décidé de majorer le contrôle des patients en arrêt maladie afin de vérifier l’absence d’abus. Une mise en doute des malades et des prescripteurs qui semble hérisser les médecins, comme en témoigne le manifeste-pétition signés par 49 “délinquants statistiques“ mis en ligne le 21 juin.

Le déficit de la Sécurité Sociale se creuse particulièrement cette année, notamment de la diminution des cotisations sociales liée au chômage. Autre raison invoquée par nos dirigeants et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, plus de 10 % des arrêts de travail seraient injustifiés. Comme le souligne le médecin blogueur Christian Lehmann, cela signifie que 90 % des arrêts de travail sont justifiés, ce qui est un excellent résultat ! Pourtant selon le Ministère du Budget et de la Santé, le redressement des comptes de la Sécu ne saurait faire l’impasse sur cette “chasse aux abus“.Mi-juin, le ministre du Budget Eric Woerth et Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, proposent de renforcer encore les contrôles de ces arrêts, avec l’envoi d’un médecin mandaté par l’entreprise pour contrôler la pertinence de la prescription de l’arrêt, ainsi que l’expédition de 1 000 lettres d’avertissement aux plus gros prescripteurs d’arrêts maladie. Des contrôles seront également effectués sur les transports médicaux.Ces nouvelles mesures ne tiennent apparemment pas compte des différences pourtant importantes d’activités médicales selon les mode d’exercice et les régions. Par exemple, un médecin qui travaille près d’une grosse usine aura certainement plus d’arrêts de travail à prescrire qu’un autre en zone pavillonnaire balnéaire… Son cadre de travail l’exposera ainsi à plus de risques de recevoir un avertissement.Ces annonces ont déclenché l’indignation de nombreux médecins. 49 d’entre eux soulignent dans un manifeste-pétition (lien ci-dessous) qu’“on fait le silence sur ces dizaines de milliers de médecins [qui rédigent des arrêts de travail], ou si l’on en parle, c’est pour les accuser“. Ils insistent sur le fait que leur “pratique [les] expose à être attaqués pour délit statistique“ et ne veulent plus “que le médecin chargé du contrôle décide seul de la pertinence ou non d’un arrêt de travail sur des critères arbitraires“.Il est probable que quelques abus existent effectivement, mais il semble réducteur de leur attribuer l’ampleur du déficit de la Sécurité Sociale, en augmentation permanente depuis 2001. En ces temps de crise ou la souffrance au travail est de plus en plus criante, les médecins jouent souvent le rôle d’amortisseur social face à des situations difficiles. Faire la chasse aux abus au risque de stigmatiser les patients et les médecins sans réfléchir plus globalement à d’autres modes de financement de la Sécurité sociale apparaît-il comme une solution ambitieuse ? Qu’en pensez-vous ? Venez vous exprimer sur nos forums.Source : le blog de Christian Lehmann, le manifeste des 49 délinquants statistiques, juin 2009Click Here: camiseta rosario central