Comment favoriser l'automédication ? Les propositions de l'Afipa

May 7, 2020 0 By JohnValbyNation

L’Afipa, une association de laboratoires fabricant des médicaments d’automédication, prône plusieurs mesures de développement, dont une éducation à la santé dès le plus jeune âge, afin de rendre les futurs patients plus autonomes et capables de se soigner eux-mêmes à l’aide des médicaments vendus sans ordonnance. Une évolution bénéfique pour la santé publique ?

Le marché de l’automédication croît lentementPlus des deux tiers des Français pratiquent aujourd’hui l’

automédication (68 % entre 18 et 64 ans), selon une étude TNS/Afipa sur la perception de l’automédication en  France présentée en septembre 2011. Pour autant, le marché des OTC n’atteint que 7,1 % du marché des médicaments, avec une croissance assez lente de 5,6 % depuis 2008, d’après l’étude Celtipharm. “Le marché est assez stable“, reconnaît Pascal Brossard, président de l’Afipa, pour qui “de trop nombreux freins culturels (la culture du tout gratuit, du tout remboursé“), politiques, réglementaires et économiques (…) entravent le développement de l’automédication responsable“.Mais pour le président de l’Afipa, 4 raisons devraient faire évoluer la situation en faveur de l’automédication. “Les gens veulent être plus autonomes, les médecins sont moins disponibles qu’auparavant, les pharmaciens, de leur côté, sont disponibles et prêts à jouer leur rôle de conseil, et enfin la situation économique amène le gouvernement a dérembourser de plus en plus de médicaments“.8 propositions pour favoriser le développement de’ l’automédicationDans un contexte de crise de confiance envers le médicament, qui n’a pas épargné les médicaments d’OTC, l’Afipa plébiscite une “automédication responsable“: il s’agit de recourir aux médicaments d’OTC faits pour ça et non pas d’utiliser les produits prescrits dans d’autres indications mais que l’on a dans son armoire à pharmacie, précise Pascal Brossard. L’association propose plusieurs leviers pour favoriser son développement :

  • En tout premier lieu, intégrer des programmes d’éducation à la santé dans les programmes scolaires de façon à ce que les patients sachent gérer leurs maux bénins (mal de gorge, toux, rhume…) de façon autonome et ne se retrouvent pas désemparés en situation d’urgence ou en cas de maladie grave. Ces programmes porteraient sur l’hygiène, l’alimentation, l’activité physique, les gestes de premier secours, l’identification des symptômes… ;
  • Mettre en place une campagne institutionnelle de sensibilisation, reprenant les thèmes fondamentaux de l’automédication (conseil du pharmacien, accroissement de l’autonomie, liberté, gain de temps, sécurité), qui valoriserait les bons réflexes à adopter et éviterait les mésusages ;
  • Faire apposer un logo spécifique aux médicaments d’automédication, afin que le patient soit capable de faire la distinction avec les autres produits et sache que ceux-ci sont adaptés à une automédication. Parmi ces médicaments, on distingue les antitussifs, de nombreux produits dermatologiques comme les antimycosiques, les inhibiteurs de la pompe à protons, les antiseptiques pour la gorge, les produits contre le rhume associant paracétamol et vasoconstricteurs ou encore les antalgiques, qui occupent actuellement une large place dans l’OTC ;
  • Élargir le champ de l’automédication à certains traitements chroniques sans gravité tels que la migraine, la cystite ou encore l’arthrose du genou, “après [qu]’un diagnostic initial a permis d’éliminer tout risque de pathologie grave“ ;
  • Faire reconnaître en France les médicaments “délistés“ dans d’autres pays européens : un certain nombre de médicaments pour lesquelles une prescription médicale était obligatoire peuvent désormais être obtenus sans ordonnance en Allemagne, en Italie, en Angleterre… mais pas en France. Le Dompéridone, indiqué dans les troubles gastro-intestinaux, est ainsi délisté en Belgique, Irlande, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni, et le Sumatriptan, indiqué dans la migraine, l’est en Allemagne et en Angleterre ;
  • Enfin, parce que le déremboursement des médicaments est souvent justifié par un Service Médical rendu (SMR) insuffisant et que cette notion est très négative à l’égard de l’efficacité du produit, l’Afipa suggère de remplacer le terme de SMR insuffisant par “soumis à une prise en charge individuelle“.

L’Afipa propose enfin de former les professionnels de santé à l’automédication responsable au cours de leurs études, ce qui semble à contre-courant des préoccupations post-affaire Mediator (garantir l’indépendance de la formation des professionnels de santé). Ce syndicat demande également aux autorités et aux politiques de mener une réflexion sur la façon d’inciter médecins et pharmaciens à développer l’automédication. Si les seconds sont plutôt favorables, les premiers ne se montrent guère enthousiastes, probablement en raison de possibles risques : un médicament peut interagir avec un autre, même s’il est faiblement efficace. De plus certains “bobos“ peuvent en fait cacher un problème de santé plus sévère, nécessitant un autre traitement. Enfin si les produits d’automédication sont en accès libre, c’est qu’ils sont le plus souvent peu efficaces, donc faut-il pousser les professionnels de santé à encourager l’automédication avec des placebos ou des médicaments faiblement actifs ?Oui, selon l’Afipa : “les syndicats de médecins sont réticents, c’est normal, ils sont dans leur rôle, commente Pascal Brossard, mais ils oublient assez vite qu’ils sont peu disponibles et que les délais d’attente avant d’obtenir une consultation ne font que s’allonger. D’après moi, ils devraient davantage se concentrer sur les maladies plus graves qui nécessitent un avis et un suivi médical“. Il est cependant permis d’espérer que les difficultés actuelles d’accès aux soins diminueront dans les années qui viennent pour permettre à chacun de disposer d’un regard médical sur ses problèmes de santé, majeurs ou mineurs.Amélie PelletierSources– Interview de Pascal Brossard, président de l’Afipa, le 23 novembre 2011.- Étude TNS/Afipa “Quelle perception de l’automédication et de l’information sur la santé en France ?“, septembre 2011. Réalisée auprès de 963 répondants représentatifs de la population française des 18 ans et plus.- Étude de l’impact économique du développement de l’automédication, Celtipharm, le 13 octobre 2011.Click Here: Fjallraven Kanken Art Spring Landscape Backpacks