Le dossier pharmaceutique : un outil au service de la santé publique
Conçu initialement pour permettre aux pharmaciens de sécuriser la dispensation des médicaments aux patients, le dossier pharmaceutique-patient (DP-patient) a évolué pour devenir un outil permettant de répondre plus largement aux enjeux de santé publique.
Le DP-Patient s'étend bien au-delà des pharmacies de ville
A l’origine, un système pour prévenir les effets indésirablesConçu par le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), la vocation initiale du DP-patient était de permettre à chaque bénéficiaire de l’assurance maladie qui le souhaite, de rassembler et suivre tous les médicaments qui lui sont délivrés (sur prescription ou conseillés par un pharmacien) au cours des 4 derniers mois. Ce dispositif permet de vérifier l’absence de double emploi de certains médicaments et les risques d’interactions médicamenteuses dans le but de prévenir les effets indésirables. Toutes les données sont anonymisées.Au niveau des officines, le DP-patient concerne 98 % des pharmacies raccordées, près de 30 millions de DP créés et 1,5 million supprimés, avec 88 % des DP-patient actifs. L’outil permet 2,2 millions de partages d’informations par semaine entre pharmaciens, avec plus de 2 milliards de médicaments alimentés dans le DP-patient depuis sa création. Plus d’un senior sur 2 et plus d’un enfant sur 3 ont un DP-patient (soit 7,7 millions de plus de 60 ans et 5,6 millions de moins de 20 ans). Le DP-patient est donc une démarche volontaire pour les patients.Un outil qui se déploie au-delà de l’officineActuellement le DP-patient se décline, en plus de l’officine, dans les établissements de santé (hôpitaux publics et privés) sous plusieurs formes touchant des pharmaciens de ville, des services des urgences ou d’anesthésie-réanimation, des services hospitaliers, notamment en gériatrie mais aussi les autorités de santé :Le DP-patient à l’hôpitalEn cours d’expérimentation, 55 hôpitaux sont actuellement raccordés à ce système (parmi 105 signataires de conventions) qui permet à tous les patients disposant d’un DP un suivi et des soins sécurisés aux urgences, en anesthésie-réanimation et dans des services, notamment en gériatrie où de nombreux patients prennent plusieurs médicaments. Le système est également accessible au pharmacien hospitalier qui peut ainsi connaître l’historique médicamenteux du patient dès son admission aux urgences ou à l’hôpital. Toutes les bases de données sont anonymisées.DP-Alerte, DP-Rappel, DP-Suivi sanitaire et DP-Rupture : quatre dispositifs qui améliorent la gestion des crises sanitairesDP-Alerte : Depuis juillet 2010, le CNOP peut lancer des alertes presque immédiates couvrant toutes les pharmacies, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Rien que sur les 12 derniers mois, 30 alertes ont été lancées, dont les difficultés d’approvisionnement du
Lévothyrox et des explications aux pharmaciens sur l’attitude à adopter face à cette difficulté.DP-Rappel : En service depuis novembre 2011, ce dispositif, réalisé avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et des laboratoires pharmaceutiques permet le rappel et/ou le retrait rapide de lots de médicaments. Le système fonctionne en permanence et en temps réel. Un exemple : l’alerte récente sur le
Furosémide, donnée un vendredi à 18h39, heure proche de la fermeture des pharmacies et qui a fonctionné immédiatement en informant les officines, les pharmacies hospitalières, les grossistes répartiteurs et les établissements de santé. 85 rappels ont été diffusés au cours des 12 derniers mois.DP-Suivi sanitaire : Ce système permet au Ministère de la Santé à l’ANSM et à l’Institut de veille sanitaire (InVS) d’accéder sur demande et pour des raisons de santé publique à des données anonymes des DP. Un exemple récent : ce dispositif a servi lors de la crise des
pilules contraceptives de 3ème et 4ème générations (les données anonymes étaient transmises régulièrement aux autorités).DP-Rupture : Ce système se trouve en phase pilote d’expérimentation. Son but est de gérer au mieux la gestion et l’information sur les ruptures d’approvisionnement. Avant son déploiement, un bilan de cette phase pilote sera transmis au Ministère de la santé fin octobre 2013.Il est à noter que ces dispositifs sont évalués régulièrement, tous les 6 mois à un an, et qu’un rapport d’activité est édité chaque année.Les prochaines applications du DPAujourd’hui, le CNOP travaille à la préparation de nouveaux outils servant à la protection des patients et à la santé publique. Parmi ces nouveautés en préparations, citons un système de lutte contre les médicaments falsifiés, un dispositif pour l’amélioration de la couverture vaccinale ou encore l’accès des patients à leur DP via Internet ou Smartphone.Selon Isabelle Adenot, Président du CNOP, “cet outil professionnel est devenu essentiel et incontournable pour les pharmaciens car il répond aux grands enjeux sanitaires actuels : le bon usage du médicament, la coordination entre professionnels de santé, le décloisonnement ville-hôpital, les gestions des crises sanitaires et les ruptures d’approvisionnement, grâce à la volonté des pharmaciens de contribuer à résoudre des problématiques de santé publique“.Son intérêt est confirmé par Yannick Le Guen de la Direction générale d’offre des soins (DGOS) : “sachant qu’un tiers des effets indésirables associés aux soins concernent les médicaments, les différents déploiements du DP permettent de partager des données qui contribuent non seulement à prévenir les effets indésirables mais à améliorer la qualité des soins“.De son côté, François Bruneaux de l’ANSM déclare que “l’ANSM est très souvent confrontée à des urgences et le DP contribue de façon très importante à notre réactivité grâce à la diffusion rapide de l’information“.Jesus CardenasSource :Conférence de presse du Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP) du 18 septembre 2013 « Quels sont les prochains enjeux du premier dossier de santé national : le Dossier Pharmaceutique ? »Click Here: los jaguares argentina