Burkina Faso : deux enseignants enlevés dans le nord du pays retrouvés morts
En proie depuis 2015 à des attaques terroristes, le Burkina Faso est également confronté une recrudescence des enlèvements. Deux instituteurs, enlevés le 11 mars 2019, viennent d’être retrouvés morts dans le nord du pays. Depuis 2016, environ 1135 établissements scolaires ont été fermés pour cause d’insécurité. De nombreux enseignants ont été enlevés, mais pour la première fois, deux d’entre eux ont été exécutés.“J’ai le profond regret d’annoncer l’assassinat, le lundi 18 mars 2019 à Koutoukou, des enseignants Judicaël Ouédraogo et Al-Hassane Cheickna Sana”, déplore le ministre en charge de l’Education nationale, Stanislas Ouaro, dans un communiqué. “Les deux corps portaient des impacts de balles et les constatations ont révélé qu’ils avaient été exécutés quelques heures avant leur découverte par la population“, a expliqué une source sécuritaire jointe par l’AFP.Selon le ministre de l’Education nationale, l’objectif des ravisseurs est de traumatiser les enseignants et de les amener à abandonner leur poste, dans une région où ils sont régulièrement menacés. Les islamistes les accusent de détourner les enfants du seul enseignement qui vaille : le coran.Un prêtre catholique enlevéLes autorités locales sont également sans nouvelles d’un chauffeur de Médecins sans Frontières, enlevé, et d’un prêtre catholique. “L’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, parti à Bottogui pour la messe, hier dimanche 17 mars, n’est pas rentré à Djibo jusqu‘à cette heure”, a annoncé l‘évêque de Dori. Selon les témoignages d’habitants de cette zone frontalière avec le Mali, il aurait été enlevé par des hommes armés. L’annonce de sa disparition a secoué plusieurs paroisses en Normandie, où il avait séjourné avant de retourner au Burkina.Ce pays, où animistes, catholiques et musulmans ont toujours vécu en harmonie est aujourd’hui contaminé par l’islamisme et le banditisme venus du Mali et du Niger voisins. Le groupe Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS), organisation dirigée par Abou Walid al-Sahraoui, est le groupe terroriste le plus actif du Burkina Faso. Il consolide de plus en plus son assise dans la zone des trois frontières Mali, Niger et Burkina, terrorisant les populations civiles et s’attaquant aux représentants de l’Etat.De nombreux enlèvementsPlusieurs ressortissants étrangers ont été enlevés ces derniers mois dans le pays. Lucas Tacchetto, un Italien de 30 ans originaire de Venise, et Edith Blais, sa compagne canadienne de 34 ans, sont portés disparus depuis le 15 décembre 2018, alors qu’ils devaient remonter la route principale du pays entre Bobo-Dioulasso et Ouagadougou. En septembre 2018, un Indien et un Sud-Africain travaillant dans le secteur minier ont été enlevés sur la mine d’or d’Inata au nord-ouest. En janvier 2016, Kenneth Elliot et son épouse Jocelyn, un couple d’Australiens qui dirigeaient une clinique depuis de nombreuses années, ont été enlevés à Djibo. Si Jocelyn avait été libérée après un an de captivité, son époux demeure captif. Enfin, Iulian Ghergut, un Roumain qui travaillait pour l’énorme mine de manganèse de Tambao (nord), est toujours détenu par des djihadistes depuis son enlèvement en avril 2015.Le tourisme est aujourd’hui fortement déconseillé dans le nord du Burkina Faso. Surtout que le banditisme se mêle au djihadisme : des barrages routiers illégaux et des incidents de piraterie routière sont signalés de jour comme de nuit. Des bandes armées n’hésitent pas à tirer pour arrêter les véhicules afin de dévaliser leurs occupants. Et ce, dans plusieurs régions du pays. Autant d’attaques et d’incidents qui nuisent considérablement au tourisme.Click Here: Cardiff Blues Store