Mam invite les dames…le président s’incruste!
«Note aux rédactions: , Garde des Sceaux recevra les femmes ministres pour un déjeuner. Un tour de table est prévu.» On espérait un mot de chacune des 13 ministres. Ça, c’était avant que décide de s’inviter…
Entre Michèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy, l’amitié ne cesse de grandir. Elle accepte même sans broncher de le voir débarquer à ses déjeuners entre nanas. Nicolas Sarkozy avait déjà fait une apparition lors d’un repas organisé pour son anniversaire, en septembre 2008, lorsqu’elle était ministre de l’Intérieur.
Mardi, rebelote. La ministre de la Justice avait convié ses collègues femmes à un petit en-cas. 12 ministres sont arrivées successivement Place Vendôme, et comme avec «Mam», cela faisait 13 à table, Nicolas Sarkozy n’a pas pu résister à l’idée de pointer le bout de son nez.
Il est arrivé en dernier, vers 12h45, «last but not least». Il est rapidement monté et a discuté avec ses hôtes, pendant l’apéritif sans alcool qu’il s’est octroyé, avant de repartir vers 13h30. Son passage a bien sûr été immortalisé par quelques journalistes convoqués pour rester trois quarts d’heure, dans le froid, en attendant que le Président fasse sa sortie, suivie par le regard ému de la Garde des Sceaux.
Un apéro et puis s’en va. Il n’a pas voulu manger là, après tout, il n’allait pas déranger ces dames. Ou peut-être est-ce le menu qui l’a découragé. Il faut dire qu’il s’agissait d’un repas «détox», selon les termes de la chancellerie. Au menu: dorade et/ou bar, fromage, et salade de fruits rouges…
Pour la presse aussi, c’était menu allégé. Elle n’a pu poser aucune question, seules les prises d’images étaient autorisées. Une seule caméra était toutefois autorisée à monter dans le Grand Salon du ministère de la Justice, celle de TF1. La dernière fois, c’était France 2. Chacun son tour… France 2 qui, par ailleurs, avait dû flairer l’arnaque, et n’a pas dépêché d’équipe. Au final, on ignore le contenu de l’allocution présidentielle à la branche féminine de son équipe, puisque la prise de son n’était pas autorisée…
A quoi tout cela rime-t-il? A la prise d’images, on vous dit. Uniquement.
Cet événement – ou plutôt ce non-événement- participe de ce que Serge July appelle la «mise en scène présidentielle».
L’ancien directeur de la publication de Libération faisait ainsi référence aux vœux présidentiels, dans sa chronique du 5 janvier sur RTL. Il dénonçait cette tradition héritée de «la monarchie, revue et consolidée par deux empires, et finalement pérennisée par plusieurs républiques».
Selon lui, le président se montre, il «s’expose», et «occupe de manière indiscutable tous les JT».
Mais le président n’est pas le seul en cause, puisque pas une des ministres n’a souhaité répondre aux journalistes présents. C’est à peine si elles ont daigné poser avant d’entrer. Pourtant le défilé était parfaitement orchestré pour que nous puissions toutes les admirer, mais à peine sorties de la voiture, elles disparaissaient à l’intérieur du ministère… «C’est à dire qu’il fait froid…» a bredouillé dans un sourire
, perchée sur les 8 cm de ses bottes en vinyle. C’est vrai, il faisait froid. Foi de journaliste!
Bref, comme dirait Serge July, à propos de toutes les cérémonies de vœux auxquelles nous allons avoir droit en ce mois de janvier, c’est «le comble de la démocratie immodeste».
Défilé de ministres
C.C.
Mercredi 6 janvier 2010
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