Chantal Goya: une famille pas comme les autres
Son nouveau spectacle, Happy Birthday Marie-, au Palais des Congrès, une grande tournée, son autobiographie en librairie… La muse des enfants fait un retour en fanfare.
«Mais quel âge elle a, Marie-Rose?», se demandent les fans qui la suivent depuis trois générations. N’en déplaise aux esprits chagrins qui lui avaient prédit le chômage après un certain «Jeu de la vérité» très cruel, où elle avait perdu la face en direct à la télévision, en 1985, Marie-Rose est sans âge, et Bécassine est toujours sa cousine!
Et c’est entourée de ses personnages fétiches que
fêtera ses trente ans de scène au Palais des Congrès, les 14 et 15 novembre, avec son nouveau spectacle. Toujours écrit, bien sûr, par celui qu’elle appelle son «inséparable fiancé», son mari,
. Presque un demi-siècle qu’ils sont ensemble ces deux-là, et ils forment l’un des couples les plus atypiques du show-biz hexagonal!
Dans l’autobiographie qu’il vient de sortir, Ma vie à dormir debout (XO editions), le compositeur évoque ce que fut son coup de foudre en voyant Chantal (qui s’appelait encore de Guerre ) sagement assise en robe rouge cerise, au fond d’un canapé, lors d’une fête très yé-yé où régnait Eddie Barclay.
«Elle avait quelque chose que je n’avais encore jamais vu chez personne, une grâce, une lumière qui émanait d’elle. » Foudroyé, il lui avait annoncé d’entrée de jeu, en l’abordant, « qu’ils se marieraient, auraient deux enfants, qu’elle chanterait et serait célèbre à trente ans.»
Banco! Ils ont deux enfants (Jean Paul, quarante-trois ans, aujourd’hui peintre, et Clarisse, quarante et un ans, qui produit leurs spectacles), quatre petits-enfants, et, avec plus de trente-neuf millions de disques vendus, ils peuvent se vanter d’avoir vécu comme dans un rêve éveillé. En faisant feu de tout bois!
Il aura suffi qu’un jour des chasseurs débarquent chez eux, furieux d’avoir eu leurs pneus dégonflés par les enfants, pour qu’immédiatement Jean-Jacques improvise au piano la chanson du Lapin, qui allait déclencher leur incroyable saga. «Jean-Jacques est comme un enfant, explique Chantal, très médium et très intuitif. Je lui dois de m’avoir révélée à moi-même.”
“Mon personnage de Marie-Rose, mes chansons, mes spectacles… c’est lui qui a tout créé! J’ai eu la chance d’avoir un mari qui m’a rêvée! Au moment de ce terrible «Jeu de la vérité» de Patrick Sabatier, en 1985, il avait pressenti que j’allais au-devant d’un jeu de massacre. Seulement, moi, je suis un Gémeaux, il faut que je trace!»
Plutôt blindée, la chanteuse évoque aujourd’hui avec beaucoup d’autodérision sa traversée du désert et son improbable retour en grâce au travers des gays.
«Du statut de conne je suis passée à celui d’icône, et de débranchée à hyperbranchée!» Dans son autobiographie, Des poussières d’étoiles dans les yeux (Flammarion), elle avoue aussi devoir son inoxydable optimisme de fée Clochette à la nourrice chinoise, Assam, qui l’a élevée au Vietnam.
En pleine guerre d’Indochine, poursuivies par les soldats japonais, elles avaient toutes deux descendu le Mékong en jonque, naviguant de nuit à la lueur de la Lune pendant des semaines avant de rejoindre les parents de Chantal à Saigon. Si, devenue Marie-Rose, la chanteuse a encore envie, dans quelques années, d’offrir du rêve aux petits, elle aura toujours de quoi puiser matière à spectacle dans ses propres aventures enfantines !
Eliane Georges
Gala, novembre 2009